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SANTÉ ! (suite) Quand le caducée bas de l'aile


Vous avez été près de deux mille à consulter l’article que j’avais consacré à la question de l’installation des professionnels de santé sur nos territoires, pas uniquement ruraux d’ailleurs.

Deux mille à crier sans doute votre colère face aux « chasseurs de primes » dont le principal souci, loin du serment d’Hippocrate, est de faire de l’argent, votre colère face aux cabinets spécialisés de « chasseurs de têtes » qui vendent et revendent sans vergogne à des élus trop crédules des praticiens incompétents ou mal intentionnés, votre colère face à des décideurs, Etat, Conseil de l’Ordre, à qui ces vérités continuent à échapper et qui persistent à laisser faire, qui persistent à empêcher des non-européens parfaitement francophones et bien formés de travailler.

Je suis encore en colère quand j’entends un matin, sur les ondes de France Bleu, le Président du Conseil de l’Ordre des Médecins du Limousin parler de « pratiques occultes » dans la recherche et l’accueil de ces professionnels. Non, il n’y a pas de pratiques occultes ; il y a seulement des élus qui s’attachent à résoudre un problème essentiel de leur territoire et qui imposent de gros efforts à leur population, dans une totale légalité. Les conseils municipaux délibèrent pour choisir des cabinets de recrutement souvent après s’être enquis de leurs compétences auprès de collègues ; ils font jouer la concurrence entre eux ; ils délibèrent encore pour fournir les meilleurs conditions d’accueil et d’intégration, loyers modérés ou inexistants, avantages divers tous définis dans une délibération soumise au contrôle de légalité de l’Etat. Il n’y a là que des gens animés des meilleures intentions. Si vous soupçonnez des pratiques occultes, elles sont ailleurs ! Alors dites- nous, Mr le Président, vers qui vont vos soupçons !

Mais la colère n’a aucun sens si elle ne génère pas une réflexion. Pouvons-nous ensemble, modestement, alimenter celle-ci ?

Partons d’une analyse objective et irréfutable : si des professionnels quittent leur cabinet au bout d’un an ou deux pour « tenter leur chance » ailleurs, c’est d’abord et avant tout qu’ils sont en situation d’échec. Quelles en sont les causes ? Une pratique de la langue insuffisante qui ne permet pas de créer un climat de confiance entre le patient et eux ? Des compétences contestées, un doute sur la valeur de certains diplômes obtenus dans des pays étrangers ? Une méfiance envers celui qui vient d’ailleurs ? Une non-appropriation des habitudes du territoire par celui-ci, mal préparé à sa nouvelle vie ? Sans doute un peu de tout cela ! Pourtant les effort, tant de l’Etat que de la Sécurité Sociale, sont importants et louables pour donner le temps nécessaire à l’intégration ; les incitations fiscales, les compléments versés par la caisse pour accompagner la progression de la patientèle, le financement des maisons médicales… sont des mesures particulièrement généreuses et attractives. Mais ça ne marche pas !

Il ne faut certes pas « jeter le bébé avec l’eau du bain », mais alors quelles autres pistes explorer ?

  • où en est-on du numérus clausus dont on sait que l’effet n’est pas immédiat ?

  • la branche est-elle ouverte aux non-scientifiques ? Sur quels critères peut-on exclure un littéraire de la pratique de la médecine ?

  • un étranger parfaitement francophone et disposant de diplômes équivalents à ceux de la France ne pourrait-il pas s’installer sans l’obligation de justifier de 3 années de pratique ?

  • ne peut-on pas obliger à des stages d’ « immersion en entreprises », au moins deux et suffisamment longs, auprès de médecins libéraux pour les étudiants en médecine au cours de leur cursus ? Faut-il mettre en place des incitations financières ou fiscales pour les médecins qui accepteraient de devenir leurs « tuteurs » ?

  • ne faut-il pas, avec ces incitations, obliger les médecins de plus de 55 ans à accepter des stagiaires ?

  • ne faut-il pas s’intéresser à une nouvelle forme de « dispensaires » dans les secteurs désertés ?

  • faut-il déjà penser à des mesures coercitives dans l’installation ?

  • ne faut-il pas prendre des mesures qui constitueraient des garde-fous face aux chasseurs de primes ? Aucune aide fiscale ou financière dès la troisième installation, réalisée à ses risques et périls ?

Mais je ne suis pas un spécialiste des questions de santé, seulement un maire confronté à un problème important de la population. Vous avez été deux mille à vous intéresser à la question en vous rendant sur ce site, vous êtes deux mille à pouvoir enrichir cette réflexion. Je doute que quelques pontes du Conseil de l’Ordre des Médecins, que quelque ministre actuel ou à venir, que quelque énarque chargé soi-disant de guider le peuple, s’intéressent au site internet de la commune de Bénévent l’Abbaye.

Tant pis, ne baissons pas les bras, nous sommes encore en bonne santé !

Votre maire.

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